Depuis 2003
Récit d’une lutte contre le cancer
L’hiver de l’année 1997, un matin glacial du mois de février, on m’annonce que j’ai un microbe dans le sang. Une fois arrivé à l’hôpital Aziza Othmana ça devient plus sérieux. Le diagnostic tombe. C’est un cancer du sang, une leucémie. En quelques secondes le cours de ma vie prend un tournant dramatique. C’est un parcours de combattant qui s’ouvre devant moi en un claquement de doigts. On a à peine le temps de réaliser que la course commence entre hospitalisations, analyses, scanner, IRM, chimiothérapie, transfusion, radiothérapie…etc. Moi qui ai passé mes années étudiantes à crier dans les premiers rangs des mouvements contestataires contre l’injustice sociale et à l’oppression politique, je n’ai eu à ce moment-là de ma vie aucun autre choix à part l’acceptation et la résilience. J’ai appris au fil des jours que la résistance et la rébellion n’étaient point la solution à tous les problèmes comme je l’ai toujours pensé. J’ai appris donc à écouter mon corps, à le comprendre et à composer avec la douleur. Le cancer, non seulement je l’ai accepté mais j’ai cherché à résoudre ses énigmes, à encaisser ses coups, à supporter les souffrances qu’il inflige à mon corps défiguré, affaibli et assommé par les traitements.
Bref à 29 ans ma vie est mise entre parenthèse.
A l’époque, un ami a mon oncle, un baron belge d’origine Espagnole qui avait 80 ans me rendait visite pour des moments de discussion. Il me racontait sa vie et ses aventures. Il m’a longuement parlé de la deuxième guerre mondiale, la guerre de 67 en Palestine quand il était volontaire avec les croissant rouge. Je me rappelle que ses histoires me faisaient oublier la lourdeur du temps qui passe mais ce que j’ai gardé de lui surtout c’est qu’il avait fondé une association au le sud de la Mauritanie, à 1000 km de Nouakchott. Parmi ses missions la mise en œuvre de programme d’aide à l’insertion professionnels pour les bédouins. Ils apprenaient aux hommes à cultiver la terre et aux femmes la couture.
Affaibli, chauve et attaché avec plusieurs câbles à plusieurs machines, je lui fait la promesse que créer une association pour aider les malades atteints de cancers du sang serait la première chose que je ferai une fois guéri et rentré en Tunisie.
En février 2001, nous avons créé l’association Tunisienne des greffés de la moelle osseuse.
Je ne remercierai jamais assez les premiers qui ont cru à ce projet médecins, parents de malades, malades et le Directeur du Centre National de Greffe de Moelle Osseuse en 2001, et tous les bénévoles.